Ces lieux uniques ont récemment été distingués pour leur valeur culturelle ou naturelle

En 2019, nous embarquions pour quelques-uns des biens les plus remarquables du patrimoine mondial de l’Unesco en Amérique latine. Trois ans plus tard, de nouveaux sites ont rejoint cette prestigieuse liste, pour le bonheur de ceux qui œuvrent jour après jour à leur conservation et le plaisir de ceux qui, profitant d’un voyage, auront le privilège de les approcher, de les contempler voire de les visiter. Récemment, d’autres espaces protégés, parcs ou réserves ont également été mis à l’honneur, intégrant à leur tour le déjà riche inventaire des merveilles patrimoniales que compte ce continent décidément unique.

En Uruguay et au Brésil, architecture et nature reconnues à leur juste grandeur

Lors de sa dernière session, qui s’est tenue en ligne depuis Fuzhou, en Chine, en juillet 2021, le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco a officiellement inscrit à sa liste l’œuvre de l’ingénieur et architecte uruguayen Eladio Dieste. L’institution salue plus particulièrement l’une de ses œuvres emblématiques, l’église d’Atlántida, inaugurée en 1960 à 45 km de Montevideo. Pour cet ensemble ecclésial des plus modernistes, il a dessiné des murs et des toits ondulés supportant, en l’absence de poutres ou de colonnes, une toiture décrivant à son tour des courbes. L’édifice se distingue notamment par l’utilisation novatrice de la brique apparente armée par son concepteur, qui ne s’inscrit ici dans aucun des courants de l’architecture moderne. Pour l’Unesco, l’église d’Atlántida incarne en outre « la recherche de l’égalité sociale avec une utilisation économe des ressources, tout en répondant aux impératifs structurels avec un grand effet esthétique ». Le ministère uruguayen du tourisme a mis en ligne une visite filmée des lieux qui aide à se figurer la prouesse.

Sítio Roberto Burle Marx (Wikimedia Commons)

L’Unesco a également distingué l’architecte paysagiste et artiste brésilien Roberto Burle Marx pour son jardin de l’ouest de Rio, où il a souhaité créer dès 1949 une « œuvre d’art vivante » et un « laboratoire paysager » à partir de plantes indigènes et en s’inspirant des idées modernistes. Premier jardin tropical moderne inscrit sur la Liste du patrimoine mondial, il accueille aujourd’hui 3 500 espèces tropicales et subtropicales. Sítio Burle Marx se caractérise par ses formes sinueuses, ses plantations exubérantes et ses agencements architecturaux, qui jouent notamment sur de spectaculaires contrastes de couleurs et l’intégration d’éléments de la culture populaire traditionnelle. La chaîne Euronews invite à le découvrir en images sur son site internet.

Ilha Grande (Wikimedia Commons)

Paraty (Wikimedia Commons)

Toujours au Brésil, la ville de Paraty et l’île d’Ilha Grande, qui constituent un détour privilégié pour de nombreux voyageurs passant par Rio de Janeiro, ont elles aussi intégré le palmarès 2021 de l’Unesco. L’institution internationale salue ce (double) site pour sa richesse naturelle, notamment avec les zones naturelles protégées de la forêt atlantique brésilienne dont Ilha Grande propose un concentré, et culturelle, pour le centre historique de Paraty et son architecture coloniale préservée. La ville côtière marquait à la fin du XVIIe siècle le point final du Caminho do Ouro le long duquel l’or était acheminé pour être expédié vers l’Europe. La même Paraty, dont LCI offrait récemment une visite guidée, a été sélectionnée avec huit autres villes pour intégrer le projet ‘Brasil, Essa é a Nossa Praia! (« Le Brésil, c’est notre plage »). L’initiative, menée par le ministère du tourisme brésilien en partenariat avec l’université de Natal, encourage une gestion du tourisme responsable via l’adoption de pratiques à la fois durables et bénéfiques à la communauté locale.

Culture & biodiversité : le Pérou et ses splendeurs triplement mis à l’honneur

Nouvel inscrit à la liste du patrimoine mondial, l’ensemble archéoastronomique de Chanquillo, sur le littoral centre-nord du Pérou, témoigne de l’ingéniosité des populations précolombiennes de la vallée de Casma il y a 2 300 ans. Bâti au sommet d’une colline dans un paysage désertique, ce site dédié au culte du soleil est en effet un véritable complexe d’observation solaire composé de constructions – dont une enceinte fortifiée et 13 tours alignées – qui, associées à des éléments naturels, servent d’instrument calendaire. Chef-d’œuvre d’architecture, de technologie et d’astronomie, ce calendrier solaire opérationnel toute l’année épate par sa fiabilité et sa précision : il donne, aujourd’hui encore, la date à un ou deux jours près.

Chanquillo (Instagram)

Ces dernières années, deux autres sites péruviens ont été honorés par l’Unesco, qui les a officiellement reconnus « réserves de biosphère » : Bosques de Neblina – Selva Central en 2020 et Avireri - Vraem Biosphere Reserve en 2021. La première de ces deux réserves, située dans la province de Chanchamayo au centre du pays, se trouve dans une zone de transition entre Andes et forêt amazonienne. Un emplacement qui lui vaut d’abriter quatre écosystèmes péruviens emblématiques avec diverses espèces de « haute valeur bioécologique et de forts niveaux d’endémisme ».

Avireri – Vraem (Page Facebook de Sernanp – Servicio Nacional de Áreas Naturales Protegidas por el Estado)

La seconde, dans les provinces de Satipo et de La Convención, est l’une des plus grandes et des plus riches d’Amérique latine. Quelques chiffres permettent de se figurer l’importance du territoire, où 321 communautés autochtones cohabitent avec la nature. Les 4 100 000 hectares de la réserve, ses 12 écosystèmes et ses 3 écorégions sont peuplés de 257 espèces endémiques de faune et de joyaux particulièrement fragiles : 115 espèces de faune et 307 espèces endémiques de flore menacées. Ces deux sites d’exception rejoignent les plus de 720 réserves déjà répertoriées dans le monde par l’Unesco, qui cherche à y concilier la conservation de la biodiversité et son utilisation durable.

Des trésors d’histoire à (re)découvrir au Chili et au Mexique

Le Chili, qui avait déjà 6 sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, en compte un de plus depuis 2021. Ce bien, désigné sous le nom « Peuplement et momification artificielle de la culture chinchorro dans la région d’Arica et de Parinacota », ne consiste pas eu un site unique mais en un riche ensemble de lieux et de découvertes. Partagés entre la ville d’Arica et une zone rurale située à une centaine de kilomètres au sud, les éléments qui le constituent témoignent d’une culture de chasseurs-cueilleurs marins ayant survécu au climat aride et hostile de la côte nord du désert d’Atacama entre 5450 et 890 avant J.-C. Le bien comprend notamment les plus anciens témoignages archéologiques connus de momification artificielle des corps. L’Unesco décrit des pratiques mortuaires élaborées et des momies (considérées comme les plus vieilles du monde) dont les remarquables qualités matérielles, sculpturales et esthétiques s’expliquent par le rôle fondamental des morts et de la spiritualité dans la société chinchorro. En août dernier, BBC News Afrique consacrait un article complet et illustré à cette culture fascinante.

Momie chinchorro (Wikimedia Commons)

Inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1994, les premiers monastères du XVIe siècle sur les versants du Popocatepetl, au Mexique, ont de nouveau fait l’actualité en 2021 avec l’intégration à ce bien classé de l’ensemble franciscain du monastère et de la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption de Tlaxcala. Ce complexe construit par des missionnaires franciscains et des bâtisseurs indigènes en 1526 a « servi de répétition spirituelle, politique, architecturale et esthétique avant le début de l’expansion évangélisatrice et constructive de la Nouvelle-Espagne », a expliqué le ministère mexicain de la Culture après son inscription en juillet dernier. Si elle a été officiellement saluée, la reconnaissance de ce haut lieu de l’évangélisation des autochtones intervient alors que la conquête espagnole reste un sujet sensible au Mexique, explique La Croix.

Le Costa Rica, plus que jamais un exemple d’écoresponsabilité

Pionnier de l’écotourisme mondial, le Costa Rica a déjà été mis à l’honneur dans nos cahiers pour ses initiatives en faveur de la biodiversité. Toujours à la pointe dans sa politique de conservation, le petit pays d’Amérique centrale qui n’en avait pas désigné de nouveaux depuis 2006 compte deux parcs nationaux de plus : le Parque Nacional du Volcán Miravalles, distingué en 2019, et le Parque Nacional Isla San Lucas, 30e parc costaricain à obtenir ce statut un an plus tard. Pour rappel, les parcs nationaux occupent 25 % du territoire du Costa Rica.

Isla San Lucas – Prison (Wikimedia Commons)

Le volcan Miravalles, qui était jusqu’alors le seul du pays à ne pas être reconnu « parc national », a vu cette exception prendre fin lors de la journée mondiale de l’environnement en juin 2019. Situé au nord-ouest du pays, dans la région du Guanacaste, le nouveau Parc National du Volcan Miravalles Jorge Manuel Dengo s’étend sur 4 300 hectares qui viennent consolider un circuit de parcs déjà bien établi : le Parque Nacional Volcán Tenorio, le Parque Nacional Rincón de la Vieja et le Parque Nacional Volcán Arenal. Il a pour vocation de protéger la biodiversité sur la zone et notamment les espèces menacées qui y vivent : jaguar, tapir…

En août 2020, c’est l’île San Lucas qui est officiellement devenue un parc national. Le site, classé refuge faunique dès 2001 pour ses espèces endémiques de serpents, de singes et de fourmiliers, fascine non seulement pour sa biodiversité mais aussi pour son passé carcéral. L’île du golfe de Nicoya, sur la côte Pacifique du Costa Rica, a herbergé jusqu’en 1991 une prison aux méthodes pour le moins brutales qui a vu séjourner les plus grands criminels du pays. Cette dernière a été réhabilitée, offrant une raison supplémentaire aux visiteurs de découvrir Isla San Lucas.

Plus récemment, en décembre 2021, deux autres sites costariciens protégés ont fait parler d’eux après que le gouvernement a étendu leur superficie. Le Parque  Nacional Isla del Coco a ainsi vu sa surface multipliée par 27, tandis que celle de la Área Marina de Manejo del Bicentenario a été décuplée. Cette initiative qui vise à sauvegarder les espèces et écosystèmes fragiles tout en luttant contre les effets du dérèglement climatique a évidemment été saluée par les défenseurs de la cause environnementale, qui ont pu compter pour l’occasion sur un porte-parole de choix en la personne de… Leonardo DiCaprio !

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Parce que les bonnes nouvelles ne sont jamais trop nombreuses, concluons cet état des lieux par une dernière actualité réjouissante. Parmi les 25 destinations incontournables en 2022 selon National Geographic figure en effet, dans le classement « nature », la réserve de la forêt maya, au Belize. Il faut dire que cette forêt tropicale parmi les plus grandes encore existantes sur le continent américain a enregistré un soutien de taille. Plusieurs ONG, emmenées par The Nature Conservancy, en ont acquis 950 km² dans le nord-ouest du Belize afin d’y créer la réserve « Belize Maya Forest ». Or comme l’explique Forbes sur son site internet, « cette nouvelle zone protégée vient combler une immense lacune dans un corridor vital pour la faune sauvage, qui va du sud-est du Mexique au Belize en passant par le Guatemala. » ¡Qué bien!